Profil
A l’occasion de la donation de ses 69 carnets de croquis et de ses archives, la Cité de l’architecture et du patrimoine consacre à l’architecte et ingénieur Paul Andreu (1938-2018) une première rétrospective.
Formé à l’Ecole Polytechnique, à l’Ecole des ponts et chaussées, ainsi qu’à l’Ecole des beaux-arts, Paul Andreu est une des figures majeures de la scène architecturale internationale de la seconde moitié du XXe siècle. Entré au sein de l’entreprise Aéroport de Paris en 1963, il se voit confier, à l’âge de 29 ans, la conception du nouvel aérogare 1 de Paris-Nord, futur Roissy-Charles de Gaulle (1967-1974), érigé en emblème à la modernité et immédiatement suivi par le chantier du terminal 2 (1972-1982). Après la première crise pétrolière, l’activité architecturale de l’entreprise se tourne vers l’étranger (Abu Dhabi, Jakarta, Dar-Es-Salaam, Le Caire, etc.) et impose Paul Andreu comme l’un des principaux experts de l’architecture des aéroports.
Dans les années 1980, alors qu’il est chargé de l’exécution de l’Arche de la Défense (1984-1989) d’après les plans de Johan Otto von Spreckelsen, l’architecte remporte plusieurs commandes importantes au Japon et en Chine, dont le concept fonctionnel de l’aéroport du Kansai (1987-1988), le musée maritime d’Osaka (1993-2000) et l’aéroport de Shanghai Pudong (1996-1999). Le concours de l’opéra de Pékin (1998-2005), dont Paul Andreu est déclaré lauréat en 199, signe sa consécration internationale et motive son départ d’Aéroports de Paris en 2002, point de départ d’une carrière indépendante largement dominée par la Chine. Contemporaine du 50e anniversaire du terminal 1 de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle (1967-1974), l’exposition vise à restituer la contribution fondamentale apportée à la conception des aéroports autant que sa production en Asie, où il fut l’un des rares Français à s’imposer dès la décennie 1980.
Dépassant la lecture fonctionnelle et rationaliste du programme, l’œuvre de Paul Andreu est ancrée sur les notions de seuil, de passage, et d’envol. A l’opposé du monument ou du signe, son architecture est, à travers ses recherches sur l’espace et le temps, les ombres et la lumière, les matériaux et les mythes architecturaux, conçue comme un mouvement, un élan ascensionnel. Ce soulèvement, mis en scène dans des parcours aux volumes dilatés, transparents et inondés de lumière, ne peut se comprendre que dans un rapport au clos, au souterrain et au tellurique. De Roissy à Pékin, les projets de Paul Andreu sont d’abord des traversées qui mobilisent des principes fondamentaux : la terre et le ciel, le carré et le cercle, l’Occident et l’Orient. Qu’il s’agisse d’aéroports, du musée maritime d’Osaka ou de l’opéra de Pékin, Paul Andreu a su donner une expression architecturale à l’envol, qu’il soit réel ou poétique.
Déployée à travers un parcours thématique, l’exposition qui présentera 280 œuvres originales, évoquera ce désir à la fois tellurique et aérien à travers trois dispositifs scénographiques majeurs : colonne vertébrale de l’exposition, les 69 carnets de dessins forment un tout, un véritable récit de création qui témoigne du processus de conception de l’architecte. Réactivé pour l’évènement, un ensemble de maquettes sphères historiques encapsule la symbolique spatiale développée au fil des projets, tandis que les écrits de Paul Andreu mis en espace de manière spectaculaire convoquent une narration parallèle sur l’architecture, œuvre de pensée et recherche avant le geste du bâtisseur.